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17/10/2013

Extrait long LES TRIBULATIONS D'UN HAÏTIEN DE LA DIASPORA (éditions Manuscrit)

16 décembre 2007

- Je me sens bien, content de te voir, content d'être avec toi. Mais je m'aperçois que  la vie fait parfois des embardées. Elle nous réserve même beaucoup de surprises. Maman Mariette a certainement mal accepté ton départ. Elle vit en Haïti avec les filles, toi en Afrique, Michel aux U.S.A, moi en France. C'est le grand écart. Les familles haïtiennes sont de plus en plus éclatées, disséminées aux quatre coins du monde. Un mot qui est depuis peu d'usage courant dans notre pays et qui est aussi utilisé en créole, c'est celui de diaspora. Les Haïtiens de l'extérieur sont de plus en plus nombreux. Nous allons aussi devenir étrangers l'un à l'autre. Nous ne vivons plus les mêmes choses au quotidien. Nous n'employons plus les mêmes mots pour nous exprimer. Nous ne nous voyons plus. En ce qui concerne notre seule famille, qui peut dire quand nous serons à nouveau réunis tous ensemble ?

- L'essentiel est sans nul doute que nous soyons encore en vie. J'ai une terrible nouvelle à t'annoncer, Luckner : dans le groupe des dix neuf officiers fusillés pour conspiration la semaine dernière à Port-au-Prince figure le frère aîné de ton amie Virginie, celui qui faisait partie de la Garde Présidentielle.

- Serge ! s'exclame Luckner. Ce n'est pas vrai. Ce doit être la consternation dans la famille.

- C'est plus que la consternation. Et dans la même veine, le père de Luckner poursuit : Comme un malheur arrive rarement seul, monsieur Dumelle a fait une crise cardiaque en apprenant la nouvelle de l'exécution de son fils.

- Il s'en est sorti, je présume ?

- Les deux pieds devant, comme on dit. Il aurait certainement été sauvé s'il vivait à l'étranger. Mais chez nous, les secours mettent un temps fou pour arriver. On ne parle plus que de ces morts en série dans Port-au-Prince. Puis, après une courte pause, le père de Luckner ajoute : Quand on pense que la famille Dumelle a caché Le Nasilleur pendant des années sous le régime précédent. Madame Dumelle vidait elle-même nuit et jour les pots de chambre de Vava. Je ne suis pas étonné qu'il n'ait pas gracié Serge. Il considère la reconnaissance comme une lâcheté.

    Luckner est abasourdi. Il reste tout pantois, livide.

- Réagis, fiston. Je suis désolé de t'assaillir avec cette avalanche de mauvaises nouvelles. J'ai retardé au maximum  le moment de t'en informer.- Je réagis, papa, à ma façon. Je suis K.-O. Je pense à Virginie qui devait voyager bientôt, à Man Cicine, sa mère. Que vont-elles devenir ? Courent-elles un quelconque danger ?

 - Je ne pense pas qu'elles risquent quoi que ce soit. C'est le double choc psychologique qu'elles doivent encaisser.

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           New York 2006 Manhattan                                                                                                                                                           

15:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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