11/01/2015
Extrait HISTOIRES DE MIGRANTS : un Réunionnais
Alors que Maryse Lochard, la future mère d'Anne-Marie, était majeure et vaccinée quand elle quitta les Antilles, le petit Denis avait encore toutes ses dents de lait quand il débarqua à Paris. Il fut dirigé vers le centre de Guéret en Creuse avant d'être confié à une famille de Mende, en Lozère. Quelques années plus tard, il rencontra des garçons de son île natale dans une exploitation agricole. Ils y travaillaient tous en qualité de main d'œuvre gratuite. Beaucoup de ces enfants déportés de l'île de la Réunion devinrent agriculteurs, d'autres chômeurs. Il y eut aussi des dépressions, des dégâts psychologiques importants et même des suicides. L'hôpital psychiatrique de Guéret aurait accueilli par la suite beaucoup de Réunionnais de la Creuse.
Le futur pompier et deux de ses collègues prirent la fuite et décidèrent de voler de leurs propres ailes.
Anne avait souvent remarqué que son ami éludait toutes les interrogations qui pouvaient porter sur sa personne, qu'il était même un peu gêné par toute allusion concernant ses origines. Par délicatesse, elle avait donc décidé de ne pas le pousser dans ses retranchements sans comprendre en même temps que Denis souffrait de ne pouvoir se livrer, de n'être plus en mesure de s'attacher à quiconque. Il était un être en cavale. Fuyait, fuyait, se fuyait lui-même.
Il semblait avoir adopté la devise du pompier : « Oublier ce qui a été détruit. Sauver ce qui peut l'être. »
Quelques photos de l'Île de la Réunion 2001
09:49 Publié dans Livre | Tags : la réunion, migration. france noire | Lien permanent | Commentaires (2)